De nos jours, toutes les petites filles passent par une phase de désirer être une princesse. Les parents sont obligés de regarder les films de Disney en boucle et d’acheter des robes de princesse, des diadèmes et des services à thé pour les futures princesses Jasmine, Ariel, Cendrillon, Blanche-Neige, Tiana, etc. De beaux princes, de splendides carrosses, des bals somptueux et un soupçon d’aventure semblent être la vie enviable de ces jeunes femmes.
Cependant, dans la vie réelle du Moyen Âge, le destin des princesses était souvent bien moins glorieux. Elles étaient essentiellement des reproductrices, n’existant que pour être mariées à des hommes qu’elles n’avaient probablement jamais rencontrés, au profit de la richesse ou de la réputation de leur famille. Elles pouvaient être contraintes d’épouser un compatriote, mais tout aussi souvent, elles étaient envoyées dans un pays étranger pour épouser quelqu’un d’une autre religion ou parlant une autre langue. Pitié pour la pauvre princesse dont le père royal décide qu’il doit conclure un pacte avec une tribu barbare à ses frontières ; un jour elle vit dans un palais de marbre, le lendemain dans une yourte et boit dans une coupe fabriquée à partir du crâne de l’un des ennemis de son nouveau mari.
Et qu’en est-il du pauvre prince contraint par sa famille d’épouser une princesse étrangère ? Il peut trouver sa nouvelle épouse physiquement répulsive (comme Henry VIII et George IV), ce qui conduit à un éloignement et au recrutement d’une maîtresse royale parmi ses dames d’honneur les plus séduisantes. Il pourrait découvrir que sa femme est plus intelligente et plus ambitieuse que lui et finir comme le tsar Pierre III, renversé et assassiné.
Considérons maintenant la carrière d’Éléonore (1124-1204), héritière du duché d’Aquitaine, la région la plus riche et la plus sophistiquée de France. Son père meurt lorsqu’elle a treize ans, et elle est alors placée sous la tutelle du roi de France, Louis VI, qui organise immédiatement son mariage avec son fils adolescent, également prénommé Louis. Ce mariage était très avantageux pour la couronne de France, car il semblait garantir que l’Aquitaine perdrait son statut de semi-indépendance et deviendrait une possession ferme de la dynastie capétienne. Peu après, le vieux monarque meurt et Éléonore se retrouve reine de France.

Le mariage d’Éléonore avec Louis est marqué par le scandale. Elle est accusée d’avoir une liaison avec Geoffrey, le duc d’Anjou, et accompagne son mari lors de la désastreuse deuxième croisade, où son comportement choque beaucoup de monde. Les relations entre le couple royal sont tendues pendant leur absence de France et il est question d’annuler le mariage. Lorsqu’en 1152, après presque quinze ans de mariage, Éléonore n’a pas réussi à produire un héritier mâle, Louis VII s’est arrangé avec les autorités ecclésiastiques pour faire dissoudre le mariage sous prétexte qu’ils étaient trop étroitement liés – ils étaient cousins au troisième degré. Bien qu’un tel lien puisse nous sembler absurdement distant au XXIe siècle, il violait les règles de consanguinité de l’Église, conçues pour prévenir l’inceste, des règles qui garantissaient que l’Europe chrétienne n’était ni clanique ni fermée, et qu’elle était relativement inclusive et mobile sur le plan social.
Éléonore est désormais une héritière célibataire et une proie toute désignée pour le sport aristocratique médiéval de l’enlèvement et du mariage forcé. Prenant son avenir en main, Éléonore a évité deux tentatives d’enlèvement par des nobles français ambitieux et a écrit en secret à Henri, duc de Normandie, pour lui demander de venir immédiatement l’épouser. Deux mois après la déclaration d’invalidité de son premier mariage, elle avait épousé un prince de neuf ans son cadet, destiné à devenir rapidement Henri II, roi d’Angleterre et fondateur de la dynastie Plantagenêt.
Le meilleur mot pour décrire les 35 ans de mariage d’Éléonore et d’Henri serait « tumultueux ». Elle lui a donné les héritiers masculins potentiels nécessaires, cinq garçons ainsi que trois filles (Henri a également engendré un groupe d’enfants illégitimes). Les fils se sont révélés traîtres et cupides et ont tous mené des rébellions armées contre leur père à un moment ou à un autre, et Éléonore les a imprudemment soutenus. Pour sa folie, elle a été emprisonnée par Henri dans différents châteaux pendant treize ans. Elle a été libérée à la mort d’Henri en 1189. (Le film The Lion in Winter, avec Peter O’Toole et Katharine Hepburn, relate les retrouvailles imaginaires d’Henri, de sa reine et de ses fils déloyaux à l’occasion de Noël.)
Éléonore a survécu quinze ans de plus à son mari et s’est révélée être une régente compétente pour son fils Richard I, alias Richard Cœur de Lion, lorsqu’il a participé à la troisième croisade, et a aidé Jean, son plus jeune fils, à s’emparer du trône d’Angleterre à la mort de Richard.
Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.
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