La crise économique s’aggrave en Chine, les risques sociaux augmentent dans un contexte de licenciements massifs et de faillites

"Nous sommes probablement sur la voie d'une dépression généralisée", déclare un expert

Par Michael Zhuang
27 juin 2025 16:11 Mis à jour: 30 juin 2025 15:13

Au vu des récents licenciements massifs et faillites en Chine, les experts préviennent que l’économie chinoise entre dans une profonde récession, voire une dépression, avec une hausse du chômage et des risques systémiques susceptibles de déclencher une instabilité sociale à grande échelle.

Le 19 juin, le constructeur chinois de véhicules électriques (VE) Hozon Auto a déposé le bilan, selon la chaîne de télévision publique CCTV, contrôlée par le Parti communiste chinois (PCC). Un autre reportage des médias d’État qui a suscité un vif intérêt sur les réseaux sociaux chinois concerne les licenciements massifs chez 58.com, une plateforme de services en ligne de premier plan.

La plateforme populaire, connue pour aider les utilisateurs à trouver un logement, un emploi et des services domestiques, aurait procédé à des licenciements massifs touchant 20 à 30 % de ses effectifs, soit près de 10.000 employés, principalement issus de ses départements techniques et régionaux. La nouvelle a rapidement fait le buzz sur les réseaux sociaux chinois.

Effondrement du marché immobilier et licenciements massifs

Des experts affirment que ces licenciements sont une conséquence directe de l’effondrement du marché immobilier chinois.

Le professeur Sun Kuoh-siang, expert en affaires et relations internationales à l’université Nanhua de Taïwan, a déclaré à Epoch Times que le ralentissement économique général en Chine avait freiné la demande des consommateurs. Pour les plateformes telles que 58.com, qui dépendent des offres d’emploi et des transactions de services en ligne, cet environnement s’est avéré dévastateur.

Jiang Pinchao, dissident chinois de renom basé aux États-Unis et observateur de la Chine, a déclaré à Epoch Times que le déclin de la plateforme traduit les répercussions des faillites immobilières généralisées.

Les travailleurs ruraux qui avaient autrefois afflué vers les grandes villes chinoises pour occuper des emplois dans le secteur de la construction constituaient la clientèle principale de 58.com, qu’ils utilisaient pour trouver un emploi et un logement. Cependant, avec l’effondrement du secteur immobilier, bon nombre de ces travailleurs sont retournés dans les zones rurales de Chine, sans emploi et incapables de payer un loyer.

« 58.com a perdu toute une armée de locataires », a déclaré M. Jiang, ajoutant que les citadins, soumis à une pression économique croissante, réduisent également leurs dépenses et évitent de changer de logement pour un plus grand. « Le déclin de cette plateforme est un exemple typique des répercussions négatives de la crise immobilière sur les secteurs connexes », a-t-il ajouté.

Un nouveau coup dur pour les ambitions chinoises en matière de véhicules électriques

Nouveau coup dur pour l’économie chinoise : Hozon New Energy Automobile, la société mère de la marque de véhicules électriques NETA, fait face à une procédure de faillite, après le gel d’actions d’une valeur d’un milliard de yuans (environ 120 millions d’euros). Autrefois considérée comme une étoile montante du secteur chinois des véhicules électriques, NETA lutte aujourd’hui pour sa survie dans un contexte de guerre des prix de plus en plus acharnée.

« Le marché chinois des véhicules électriques est saturé et en proie à une concurrence acharnée sur les prix, qui réduit les marges bénéficiaires », a expliqué M. Sun. « Les entreprises qui ne disposent pas de technologies de base solides ou d’un soutien financier sont particulièrement vulnérables. »

M. Jiang a fait remarquer que NETA s’appuyait fortement sur la concurrence low-cost pour gagner des parts de marché, rendant ses voitures moins attractives sur les marchés à l’exportation, en particulier en Europe, où le sentiment anti-dumping à l’égard des véhicules électriques chinois bon marché s’est accru. Alors que les exportations faiblissaient, la concurrence nationale redoublait d’intensité.

« Comparées aux grands acteurs soutenus par l’État comme BYD, les entreprises comme NETA ne pouvaient tout simplement pas suivre le rythme », a expliqué M. Jiang. « Dans cette spirale d’involution où la concurrence s’autocannibalise, les entreprises privées sont toujours perdantes. »

Il a ajouté que les entreprises publiques bénéficient d’un traitement préférentiel et de subventions, ce qui garantit pratiquement la disparition des acteurs privés les plus faibles.

Bien que BYD ne soit pas une entreprise publique, elle est l’une des sociétés les plus fortement subventionnées par le régime. Elle est également profondément impliquée dans le projet de fusion entre le secteur militaire et le secteur civil du PCC. Selon les rapports du groupe de recherche Radarlock publiés en 2019, l’entreprise dispose de centres de recherche et développement implantés dans trois « zones d’entreprises de fusion civilo-militaire ». Elle s’inscrit dans la stratégie à long terme du PCC, mise en place dans les années 1980, qui consiste à déployer des champions nationaux à l’échelle mondiale afin d’obtenir à l’étranger des ressources rares sur le marché intérieur et de développer un avantage comparatif.

Surproduction et surcapacité

Le secteur immobilier chinois souffre depuis longtemps d’une offre excédentaire.

Antonio Graceffo, analyste économique spécialiste de la Chine qui a passé plus de 20 ans en Asie, a écrit, dans un commentaire publié dans Epoch Times au début du mois, que la guerre commerciale menée par le président Donald Trump contre la Chine poussait le PCC à maintenir artificiellement les prix de l’immobilier à un niveau élevé afin d’éviter une crise bancaire. Ainsi, le risque de défaut de paiement dans le secteur immobilier pourrait entraîner l’effondrement du système bancaire.

M. Graceffo a souligné que le secteur chinois des véhicules électriques souffre également d’une surcapacité, et que les mesures antidumping prises par les États-Unis et l’Union européenne ont entraîné une baisse significative des exportations chinoises de véhicules électriques, celles-ci ayant reculé de 9 % en mai par rapport à l’année précédente.

Selon M. Jiang, l’effondrement des secteurs immobilier et automobile, deux piliers de l’économie chinoise, annonce des difficultés à long terme. À son apogée, l’immobilier représentait près de 30 % du PIB chinois.

« Sans reprise du marché immobilier, a-t-il déclaré », une reprise économique complète est pratiquement impossible. Les véhicules électriques sont également en train de s’effondrer, et nous n’en sommes qu’au début. « Nous sommes en pleine dépression, mais nous n’avons pas encore touché le fond. »

M. Sun a fait écho à cette préoccupation, soulignant que la baisse de la demande sur le marché immobilier et dans le secteur automobile entraîne également un ralentissement de l’ensemble des chaînes d’approvisionnement, notamment dans les domaines de la construction, des matériaux de construction, de la publicité, de la logistique et des ressources humaines.

« Il en résulte un cercle vicieux de pertes d’emplois et de baisse de la consommation », a déclaré M. Sun. « La Chine est en proie à une profonde récession. »

Frank Xie, professeur d’économie à l’université de Caroline du Sud à Aiken, a déclaré à Epoch Times qu’il s’attendait à ce que d’autres faillites suivent. « L’hiver économique chinois n’est pas terminé, il ne fait que s’intensifier. »

M. Xie a souligné que malgré les efforts du régime chinois pour dissimuler ses données économiques, les signes d’une crise économique systémique sont évidents. « Nous sommes probablement sur la voie d’une dépression totale. »

Villas abandonnées dans une banlieue de Shenyang, dans la province du Liaoning, au nord-est de la Chine, le 31 mars 2023. (Jade Gao /AFP via Getty Images)

Le tribut payé par le groupe le plus vulnérable de Chine

Au-delà de la crise économique, des experts s’inquiètent de plus en plus du coût humain et du risque de troubles sociaux.

M. Jiang a désigné les travailleurs ruraux chinois comme le groupe le plus vulnérable. Beaucoup ont quitté leur foyer pour aller travailler dans les villes, mais ont été licenciés du fait de la récession.

« Aujourd’hui, les villes n’offrent plus d’emplois, et lorsqu’ils retournent à la campagne, il n’y a plus de terres agricoles pour eux non plus. Que sont-ils censés faire ? », s’est-il interrogé.

Il a identifié les zones rurales, l’agriculture et les agriculteurs chinois comme les trois zones sinistrées longtemps négligées.

« Si cette situation perdure, nous pourrions assister à des soulèvements à grande échelle, semblables à une rébellion paysanne telle qu’on en a connu dans l’histoire de la Chine », a déclaré M. Jiang. « Après tout, la majeure partie de la population chinoise est encore composée d’agriculteurs. »

Cheng Wen et Yi Ru ont contribué à la rédaction de cet article.

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